2.10.07

Un bout du monde

. Flash- back sur un désert d'altitude.

- Aï kuda ! Aï kuda !
- Nous allons à Murghab !
Où pouvions nous bien allez d'ailleurs ?

Depuis quelques jours, Murghab fait figure d ' Eldorado sur notre carte déchirée.
On ne parlerait pas de Paris autrement. Dans l'ambiance feutrée de la yourte, que de murmures à peine dissimulés, de paroles qui s' échappent voluptueusement , de pupilles fiévreuses sur des :
" Murghab, Karashoe ! ... Bazarrr! "
Le regard perdu sur un horizon si proche... de la verdure, la fée électrique, une peau savonnée, un plov alléchant...

Et puis au détour d'un virage elle apparait, blanche, éclatante au fond d'une large vallée verdoyante où serpente les eaux turquoises entre deux rives enchantées. Mirage !


Un berger profondement endormi annonce l'entrée de la ville.

Celle ci se blottit au pied des hautes montagnes comme pour mieux se réchauffer. Les maisons en terre blanchie laissent échapper des trainées de fumée âcre, comme pétrifiées et suspendues au dessus d'ombres compactes et obscures .



Seule une ribambelle de poteaux aux inutiles écheveaux de fils électriques osent défier le ciel. Etrangeté !
Au détour d'une ruelle s'aventure le chien jaune, cherchant un refuge sans vent, un angle abrité à l'arrière d'une carcasse de voiture abandonnée.

Au Bazar, on arrive de Karakul ou d 'Alichur. Les " Magazines " se cachent au fond de Wagons sombres et rouillés. Chaleur et bienveillante humanité.


Succession d'images au ralenti, voix déformées, bruit de pas, bruit du vent, bruit de poussière, la ville semble figée sous un ciel épuré laissant deviner en arrière plan les contours d'un Mustagh - Ata somptueux sur une terre sans arbre.
Contemplation !
Il est 19 H00, à peine quelques étincelles de lumière percent la nuit noire, la vie se terre, les chiens aboient, j'avale mon plov dans un coin du bout du monde.




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