Descentes aux enfers .
A Nyalam, dernière ville tibétaine, les yaks promènent leur morosité dans des ruelles balayées par un vent glacial. Seule tache de couleur, les pompons rouges de leurs oreilles. 3000 mètres de descente. Des nuages s'accrochent aux sommets et saupoudrent notre route d'une neige légère.
Nous nous laissons glisser dans cet univers sépia, évitant les plaques de glace, longeant des stalactites géantes dégoulinant de la paroi rocheuse, doublant des flocons au ralenti les yeux plissés.
Des arbres sans feuille se balancent tristement et nous rappellent l'hiver. Une odeur de labour nous met en émoi.
On chauffe, on brûle, on se rapproche de la terre.
Des bûcherons tibétains nous demandent encore des photos du Dalai Lama et ça sent le champignon, le sapin, le feu de bois.
Au loin une vallée ensoleillée comme une image sainte barre l'horizon.
Il nous suffit de descendre, de se laisser aller vers la lumière, caressées par une brise de plus en plus légère, d'enlever une couche puis deux, pour finir par se sentir nues comme à l'arrivée du printemps.
L'eau ruisselle de toute part, nous chatouillant l'oreille de ce merveilleux bruit cristallin oublié depuis quelques temps.
Nous plongeons avec délice dans une débauche de couleurs: le rouge des saris séchant au soleil, les verts des cultures en terrasse, de la forêt tropicale...
La vie nous étonne comme pour une première fois, la foule bigarrée et bruyante nous effraie.
Et puis , une nostalgie violente et cruelle se loge dans nos coeurs en un pincement profond.
C'est fini !
L'autre monde, cette terrible folie, c'est fini !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire