Midi moins le quart à Bénarès .
Un rayon oblique illumine la terrasse de la "shankari guest house", vieille bâtisse des années coloniales. Les peintures ocres pèlent comme une peau brûlée dévoilant un vert émeraude délavé.
Un singe me regarde de façon troublante en prenant un air angélique, mais méfiante je referme soigneusement la porte de la chambre. Il règne sur les toits de varanasi et les hindous le vénérent sous la forme de Hanuman Dieu de la force et de la loyauté.
La tuyauterie toussotte sans déranger l'araignée installée en maître dans la salle d'eau aux murs piqués de moisissures.
Endormie, j'emprunte le labyrinthe de ruelles menant aux ghâts.
Une vache placide et gourmande se délectant de quelques feuilles de chou bouche le passage; une file de saris multicolores la contourne sans sourciller.
Le respect de ce charmant ruminant symbolise l'ahimsa, la non violence,l'absence de volonté de tuer.
Elle sème çà et là des bouses sacrées et donnent aux touristes une démarche ridicule de grands échassiers.
Aujourd'hui, c'est Mauni Amavasya, un torrent humain déferle vers le Gange.
Suis je encore en vie ou déjà en enfer ?
Des visages noirs plissés, édentés; des regards perdus, douloureux; des corps tordus, estropiés jonchent la descente d'escalier et les écuelles de fer blanc s'agitent en une vague frénétique.
Un charmeur de serpent, la peau piquée par la petite vérole croise mon regard de son oeil valide et hurle "Cobra, bakchich !" dans l'indifférence générale.
Les pélérins viennent se purifier dans “Mama Ganga" pour s'assurer un bon karma.
Aprés les offrandes au fleuve sacré, la foule se trempe, barbotte avec allégresse, le corps blanchi par une mousse savonneuse.
Lustrés, les adorateurs de Shiva dessinent sur leur front les marques du puja: 3 bandes blanches et le troisième oeil.
Des hauts parleurs hurlent pour assurer un semblant d'organisation.
Le long bambou d'un militaire résonne d'un bruit sourd.
La horde des mendiants rampent en ligne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire