23.8.08

La chrono de la cyclo : De Zamin Uüd à Ulaan Baatar. Le désert de Gobi.

Ne pas perdre le nord.



La route sur la carte s'est évaporée, fossilisée tout comme les fameux dinosaures du désert de Gobi.La frontière tombe comme un rideau noir et décapite la langue de bitume chinoise.
Zamyn Uüd, première ville mongole lutte contre le sable envahissant, des maisons basses bleutées écrasées sous la chaleur rappellent les datchas russes. La Chine semble déjà très loin.
Rêveuse, perdant souvent le nord, parfois à l'ouest, dans cet horizon nu, brûlant, battu par les vents, je me situe comme instinctivement par rapport aux quatre points cardinaux.
Avec trois mots de mongol légers comme l'air dans la tête, 12 litres d'eau sur les porte-bagages, l'idée de se perdre nous angoisse un peu.Se trouver quelques repères tangibles dans ce vide, ce rien lacéré par des pistes en tout sens!
Le road book d'un autre cyclo sera notre fil d'Ariane jusqu'à Sainshand.
Le soir, des chevaux sauvages regardent étonnés notre campement au milieu de la steppe odorante.Premières rencontres de gers (yourtes) et de nomades accompagnant leurs troupeaux de chameaux dans une vallées étonnamment verte.
A sainshand, le soleil semble plus brûlant encore. Midi, seul un chien jaune se traîne dans la poussière, un gamin court d'une maison à l'autre pour s'y engouffrer. 49 degrés. Le vent souffle en rafales violentes miraculeusement du sud.


Chemin de sable contre chemin de fer.


De Sainshand, la route collera à la voie ferrée du transmongolien où des trains d'un autre âge, fumant et klaxonnant comme des jouets d'enfant transportent passagers et marchandises entre Chine et Russie. Régulièrement un hameau rappelle à la vie et offre un peu d'ombre et d'eau. L'horizon devient lacté, les pistes se multiplient sur le sable doré. Les vélos surfent comme sur de la poudreuse ou refusent d'avancer tragiquement. Le vent siffle le long des poteaux électriques, tourne se liguant contre nous méchamment. Deux cavaliers ramènent un troupeau de chameaux dans la tourmente et se moquent de nos montures joyeusement.
Tout notre poids sur les vélos, nous poussons contre un vent destructeur pour rejoindre Airag. Deux heures de lutte pour douze petits kilomètres.
Le corps cassé, comme ivres, nous plongeons dans un " budhal" (hôtel) douillet et chaleureux. Le bonheur du refuge, où des mongols chuchotent comme des chats dans une atmosphère feutrée.

Km 445.

La route tant attendue se distingue enfin tel un serpent noir sur le sable rosé. L'homme a dompté la nature au km 445 et les vélos grimpent sur le bitume comme sur un radeau de sauvetage. Les roues glissent magiquement sur l'asphalte. Le paysage se colore en dégradés de vert, des yourtes poussent un peu partout.
Ulaan Baatar se rapproche. Le Gobi, c'est fini !

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