23.12.08

A Karkara, le chant doux du muezin s'échappe de la mosquée argentée . Décembre 2008

A Karkara, le chant doux du muezin s'échappe de la mosquée argentée, résonne sur les montagnes alentour. Les sabots d'un cheval claquent sur le pavé. Le cavalier, chapka sur la tête, d'étranges lunettes de soudeur sur les yeux, une barbiche effilée à la mode des Khan semble sortir d'un autre siècle. Dans les ruelles de baraques turquoises du bazar, la silhouette des vendeurs se devinent à travers la fumée épaisse et odorantes des samosas.
Plus loin, des hommes jouent aux cartes sur le capot d'une lada rouillée. Leurs têtes se touchent en un recueillement silencieux, les cartes claquent, les voix explosent, les casquettes de cuir se redressent laissant percevoir de larges moustaches sur des sourires dorés.

- Kirghistan ? Priama.

La route fuie sur des cimes déchiquetées au delà desquelles j'imagine pensive le Taklamakan et l'oasis d'Aksu. La Chine.

Au sud ouest, une pyramide éthérée lévite dans l'air qui résonne. Nous y voyons le Khan Tengri, le roi des monts célestes et évoquons Ella Maillard qui chevauchait ici dans les années 30.

Encore quelques voitures cahotantes d'une lenteur poétique où des ombres aux toques imposantes agitent les mains et sourient dans l'habitacle. Puis c'est une solitude feutrée.

A mesure que la piste grimpe doucement, la neige illumine le paysage, la piste blanchit, les pneus crissent, glissent rompant l'équilibre précaire du vélo.

Difficile de s'imaginer dans cette immensité bleutée, sur cette route esseulée, un poste frontière. Il apparaît pourtant sous la forme d'un petit chalet de bois fumant dans le lointain ,au bout d'une ligne chaotique de poteaux électriques flottant sur la poudreuse. Un autre pays, mais rien ne heurte le flot de la vie sur ce plateau perdu.

Des chevaux galopent sans bruit sur fond de hautes montagnes gelées. Le soleil baisse, la lumière vire au violet. Comme deux gamines amusées, nous plantons la tente au milieu de la lune argentée. Le ciel rosit derrière la ligne des sommets assombris, le froid pince nos joues ravies.Un temps irréel où rien ne sert de penser.

Des nuages pastels sur le blanc irisé, une lumière figée, la lune accrochée au bleu de la nuit glacée.

Un chien veille sur nos rêves agités.

Aucun commentaire: