20.8.08

Les globe - tortues sont elles des terroristes ?


Surprise !

Le petit dortoir de la "luche" (petit hôtel) quoiqu'à la propreté toute chinoise nous semble parfait aprés 100 km de vélo.
- Hao! Hao! (OK!) Douo chao tsien ? (C'est combien ?)
Pour toute réponse, la patronne s'esclaffe, rit joyeusement en faisant de grands mouvements désordonnés entrecoupés du geste triangulaire du temps mort propre à l'arbitre de sport collectif.
Que se passe-t-il ? Mon " Douo chao tsien " pronnoncé avec application et rodé aprés des mois dans l'empire du milieu ne fonctionnerait-il plus?
Etrange!
La chambre nous serait-elle offerte?
Plus étrange encore.
Quelques instants pour comprendre que notre "luche" préférée n'accepte plus les étrangers. Tout le village vient rire dans la cour de l'hôtel, mais même jaune ce n'est plus contagieux.
La prof d'anglais arrive essoufflée, empressée, impressionnée de tester sa langue de shakespeare avec les anglophones que nous sommes. " Forbiden! ", " Not allow!". Pas de réponse à mes " Why ?" désespérés mais le " One world, one dream" passe en flash dans mon esprit.
Un coup de fil à la police qui nous a poursuivi et controlé 10 km en amont, le kidnapping de nos passeports, un passage bizarre sur internet pour voir si nos têtes de " wugai" (tortue) ne figurent pas sur la liste des " wanted " du pays céleste et l'on s'écroule sur nos lits en fer pour rêver d'un monde meilleur.


Mei yo !


Un nuage noir flotte sur nos têtes le long de la route du lendemain.
Le soir tombe, une "luche" et le patron plié en quatre hoquette un " Mei yo" (Non, il n'y a pas) sans concession.
Nos neuronnes européens se tendent dangereusement, le coeur s'emballe et à défaut de sauver la face, nous offrons un spectacle tragi-comique à un public en liesse. Sale comme un peigne, je n'hésite pas à m'allonger dans la poussière à coté de mon vélo mimant un sommeil profond accompagné de ronflements bruyants. Succés garanti! Mais le rideau tombe et nous tentons notre chance un peu plus loin.
Trop surprise de voir deux longs nez à " zisingtche" (vélo), prise de cours, l'hôtelière voisine n'a pas le temps de rire que les deux vélos sont déjà engouffrés dans le dortoir de plein pied. Un repas, une bière fraîche et un " mei yo" gêné mais redondant nous empêche de nous installer dans notre " home sweet home "
Assises dans la cour entre le tas de charbon et les toilettes chinoises odorantes à souhait, nous refusons de partir. La " yingweune laoshi " (prof d'anglais) arrive sous la forme d'une missive, une lettre sortie d'une poche et tendue fébrilement:" Welcome to our village but you must go now because we don't understand you and will scared. We don't invite foreigners. There is a nice place about 15 km and you will go there by car. If you stay there, we will be in trouble."
Affolant ! Nous refusons de bouger, de prendre le moindre transport et souriantes nous attendons.
L'auteur de la lettre apparait tout sourire avec son allure de première de classe et nous interroge dans les effluves des " cesuos" (toilettes) dans un style américano-sino-british très étonnant en ce lieu.
Cascades de rire, cris d'étonnement à l'américaine pour un interrogatoire musclé: " Qui êtes vous ? Où allez vous? Que transportez vous ? Quelle age avez vous !..."
Echanges de politesses infinis et aprés un " Now, it's OK? Can we sleep?" je m''effondre sur le drap sale pour...quelques instants seulement.
Comme poussée par un courant d'air, la porte s'ouvre sur deux élégantes enjouées qui nous sortent du lit. Que de profs d'anglais en Chine! Les deux rires recommencent l'interrogatoire, la police recopie les passeports, toute la clique stagne dans la cour, mes paupières pèsent une tonne. L'hôtel à touristes nous est encore recommandé pour notre propre sécurité! A nous de dire " Mei yo" assez séchement et de vanter l'honneteté des petits villages chinois. Le monde à l'envers !
Il est minuit. Il nous aura fallu 6 H pour nous coucher.


Dupont et Dupond.


Réveil chaotique, vision cauchemardesque de l'anglaise nous offrant des abricots de sa maman, poignées de main chaleureuse de l'hôtelière et nous voilà enfin libres.
Libres? Enfin presque !
Comme dans un film de série B, une voiture noire stagne dans mon rétro. Serait-on suivi ?
Dupont et Dupond nous filent, s'arrêtant régulièrement pour nous demander si nous ne sommes pas trop fatiguées, si ils peuvent nous aider. Hallucinant! Nous déprimons, imaginant cette grotesque filature jusqu'à la frontière mongole, mais la voiture s'évapore au bout de 60 km.

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